L’ancienne gravière respire

Le Syndicat du bassin Célé- Lot médian a débuté en 2019 la réhabilitation de l’ancienne gravière de Sainte Eulalie, propriété de la commune. En voici l’état d’avancement, tel que décrit sur son site.

Oasis dans la vallée du Célé en plein Causse, la gravière était un ancien site exploité en carrière pour son argile puis ses alluvions (sable, graviers…). Laissée en l’état depuis la fin d’exploitation en 1995, il ne restait qu’un plan d’eau peu profond aux formes rectangulaires et berges abruptes et érodées.

Situé dans le « lit majeur » de la rivière (celui occupé lors des crues) mais déconnecté du Célé la plupart du temps, le site ne comportait plus qu’une petite zone de vasière intéressante du point de vue écologique et des boisements de saules ou peupliers. Ces dernières années, des signes de dégradation des milieux et de la qualité de l’eau de ce plan d’eau apparaissaient de plus en plus :

  • banalisation et/ou disparition d’herbiers aquatiques et de milieux humides intéressants ;
  • prolifération d’espèces exotiques envahissantes (ragondins , tortues de Floride, perche soleil…);
  • eutrophisation avec développement important d’algues vertes puis de cyanobactéries…

Compte tenu des enjeux, le Syndicat, en accord avec la commune d’Espagnac-Sainte-Eulalie (propriétaire) et le Grand Figeac, a souhaité proposer un projet d’aménagement et de réhabilitation écologique, en partenariat avec le Parc naturel régional des Causses du Quercy. Un large comité de pilotage associant en particulier les services de l’Etat, l’Agence de l’eau Adour Garonne, la Région Occitanie, le Département du Lot ou encore la Fédération du Lot pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique, a encadré toute la démarche.

Dès 2017, le projet a été lauréat d’un « appel à initiatives biodiversité » lancé par l’Agence de l’Eau Adour Garonne, permettant de bénéficier de 80% de subvention pour les études et travaux.

En 2018, les problèmes de qualité d’eau croissant dans le contexte du réchauffement climatique et la sécheresse intense ont entrainé de graves problèmes écologiques et sanitaires : un développement massif d’algues (cyanobactéries toxiques) et une dégradation de la qualité de l’eau aboutissant à la mortalité massive des poissons…

Suite à cet évènement lié à une eau close, le comité de pilotage a validé la version finale des travaux de réhabilitation écologique du site qui ont débuté en automne 2019 : créer une connexion avec le Célé et restaurer les berges de l’ancien plan d’eau pour une meilleure fonctionnalité naturelle. Les travaux réalisés comprennent aussi :

  • la restauration de la vasière et la création de zones humides et berges en pentes douces ;
  • du débroussaillage, une réouverture des milieux et coupe de peupliers hybrides ;
  • la restauration d’habitats favorables à la qualité de l’eau et aux espèces aquatiques : nombreuses plantations et bouturages (aulnes, saules…) favorables aux Libellules, à la Loutre, création de mares et de zones peu profondes favorables aux oiseaux, aux poissons (frayères à brochets…), mise en place d’abris, de bois coupé en berge…
(photo Guy Holman)

Le projet a aussi permis la plantation de 330 mètres de haies et l’évacuation d’une vieille pelle mécanique abandonnée sur site !

En créant ainsi une « annexe alluviale » à la rivière, véritable zone humide connectée au Célé dans une zone où il y en a peu, l’ancienne gravière est maintenant facilement inondable, ses eaux sont renouvelées. Elle permet d’atténuer les petites crues du Célé et contribue à limiter les problèmes d’érosion… Les berges restaurées en pentes plus douces, grâce à plus de 2 500 m3 de graviers et remblais issus du site, favorisent l’installation d’une zone humide dont la flore spontanée, adaptée apporte encore d’autres atouts au Célé : épuration de l’eau, support d’une biodiversité remarquable pour cette vallée dans le Causse (Amphibiens, Libellules, Loutre, oiseaux d’eau, zone de frai pour le Brochet ou la Perche commune…).

Ce printemps 2020, les premiers résultats étaient déjà très encourageants avec la flore spontanée qui s’installe progressivement, le succès du frai de la Grenouille agile et de carpes vues sur site. Des travaux restent à finaliser d’ici la fin de l’année, notamment la mise en forme finale d’une partie des berges, de la connexion au Célé mise à mal par les crues de fin 2019 et une dernière phase de plantations et bouturages. 

Les carpes ont rejoint la gravière… ici, leur fraie fin Mai.

Un fois le site restauré, sa valorisation durable (parking, sentier, panneaux ludiques et pédagogiques…) sera envisagée avec l’ensemble des partenaires.